les yeux s'entrebâilleraient à six heures, parce que rien ne les y obligerait
ils oscilleraient une heure entre la page blanche des paupières et la page noire du livre
un rai de lumière profiterait du trou creusé par un loir dans le volet pour chatouiller le drap
le drap encore imprégné de la sauge dans laquelle le chien se roulait avant le coucher
puis vite le premier café, la première cigarette, les premières lignes du roman
avant même de se laver les dents
ignorer le dehors ensoleillé et les coups de museau qui soulèvent les mains du clavier
parce que sinon, ce ne sera plus possible d'y revenir
à l'intérieur
concentrée
et puis céder, arrêter l'élan
en espérant que la frustration facilitera la reprise
et faire courir le chien dans les champs
et décider qu'il ne fait pas encore trop chaud
pour prendre la voiture et chercher les pierres plates qu'on disposera en rond
autour du tilleul
et finalement laisser le banc en plan
pour faire quelques brasses dans le sillage du chien
parce que quand même, il fait chaud
lire encore un peu, pour sécher
et puis se faire des œufs au plat
parce que quand même, on s'est levé tôt