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8 juillet 2011 5 08 /07 /juillet /2011 06:52

 

L'Autre me laisse partir. Des kilomètres se glissent entre nous, entre nos maisons, entre nos mots. Nous grandissons dans cette distance, l'acceptation de cette distance nous rapproche.

J'apprivoise mon chemin, mon chemin et ses cailloux. D'autres mains m'apprivoisent. Ma peau a soif d'autres salives, d'autres portes, devant moi, révèlent leur seuil.

J'oublie l'Autre, parfois. Des choses nouvelles habitent mon silence. Des éclats de voix, des joies éclatées. Et puis de nouvelles cicatrices, de nouveaux pansements.

Et je reviens à l'Autre, l'Autre toujours là dans son souci de moi, la main comme une corde autour de mon poignet, tout au bord du trou, du trou au fond de moi, qui avale mon sommeil.

 


L'Autre ne sait plus faire, son savoir des choses bute contre la faiblesse de ses mains, la raideur de ses os.

Les choses lui échappent, s'échappent de ses mains et de sa mémoire, tombent, se cassent.

Je voudrais glisser des épaisseurs de douceur entre son corps et les angles durs des choses.

Mais l'autre repousse mes mots-pansements. Son savoir sait ça aussi, l'irrémédiable.

Les mots, entre nous, sont nus.

 


L'Autre est étendue, là, dans son enveloppe de peau froide.

Sous le tissu inutilement soyeux, son corps, rincé, séché, déshabillé de sa robe de vie.

Ses mains croisées sur sa poitrine vide.

La mienne, pleine de cris écrasés.

Ses mains accouplées comme pour m'enfanter, encore.

M'enfanter, encore.

 

extrait du texte écrit pour le Festival Les Envolires, lecture publique des (h)auteurs samedi 28 mai à 19h dans la Tour de Crest

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