un lieu culturel
des oeuvres, disons des travaux
des expressions d'artistes
un vernissage
une furie
des cris
(pornographie - décadence - honte - enfants)
de fait, quelques nus
impression que l'exhibitionisme
n'est pas du côté des tableaux
étalé en plein soleil sur la terre encore humide de la pluie d'hier
- m'attends à tout moment à voir pousser des herbes dans le pelage du chien
il y a le squelette, les articulations, les muscles, la chair...
reste à tailler les cheveux, les ongles
et le roman sera prêt à chercher où crécher
j'ai avalé la fumée de travers et j'ai toussé, et c'était comme une madeleine de Proust de mes quinze ans, mais en plus âcre
les yeux s'entrebâilleraient à six heures, parce que rien ne les y obligerait
ils oscilleraient une heure entre la page blanche des paupières et la page noire du livre
un rai de lumière profiterait du trou creusé par un loir dans le volet pour chatouiller le drap
le drap encore imprégné de la sauge dans laquelle le chien se roulait avant le coucher
puis vite le premier café, la première cigarette, les premières lignes du roman
avant même de se laver les dents
ignorer le dehors ensoleillé et les coups de museau qui soulèvent les mains du clavier
parce que sinon, ce ne sera plus possible d'y revenir
à l'intérieur
concentrée
et puis céder, arrêter l'élan
en espérant que la frustration facilitera la reprise
et faire courir le chien dans les champs
et décider qu'il ne fait pas encore trop chaud
pour prendre la voiture et chercher les pierres plates qu'on disposera en rond
autour du tilleul
et finalement laisser le banc en plan
pour faire quelques brasses dans le sillage du chien
parce que quand même, il fait chaud
lire encore un peu, pour sécher
et puis se faire des œufs au plat
parce que quand même, on s'est levé tôt
j'ai vu le cerisier perler blanc, les flaques se troubler puis s'évanouir la terre s'éclaircir, faire carapace sur ses entrailles molles, les chênes s'obstinant encore à bruire comme du papier froissé mais laissant deviner la sève qui battra bientôt à leurs tempes grises, l'herbe humide au matin de ses ébats avec la nuit, demain je remets mes chaussures
je vais bientôt commencer à t'éplucher
je commencerai par l'intérieur
j'enlèverai
croûte après croûte
et dans les petits cartons de ma mémoire
je vais te ranger
l'escalier jusqu'à mon enfance
marche après marche
glisser
- phase 1 :
toquer à la porte
- phase 2 :
se frotter au paillasson
- phase 3 :
si la boue est tenace, entrer pieds nus